Tudor Black Bay v Rolex Submariner
Il peut sembler un peu injuste de faire monter Tudor sur le ring avec sa grande sœur Rolex. Cette dernière peut être vue comme la championne poids lourd qui a fait ses preuves à maintes reprises. Toujours considérée par beaucoup comme la plus grande de tous les temps, elle ne montre aucun signe de vouloir renoncer à son titre de sitôt.
Tudor, pour sa part, est une ambitieuse poids moyen, capable d'ébranler Rolex avec quelques directs bien sentis et de tenir les douze rounds, une ou deux côtes cassées en prime. Mais c'est le mieux qu'elle puisse espérer.
En définitive, il ne fait aucun doute que Rolex est la marque dominante. Mais qu'en est-il de la confrontation entre montres similaires, prises individuellement ?
Lorsqu'il s'agit de la fidèle RolexRolex Submariner face à la très prisée Black Bay de Tudor, la comparaison – ou le combat, si l'on s'en tient à l'analogie avec la boxe – commence à être plus équitable...
Histoire commune
Commençons par un bref rappel de l'histoire des marques.
Rolex et Tudor ont toutes deux été fondées par Hans Wilsdorf, la première en 1908, la seconde en 1946, alors que Rolex était déjà une référence.
Wilsdorf a lancé Tudor comme une alternative plus abordable à Rolex, grâce à l'utilisation de mouvements non Rolex, généralement ETA, tout en conservant les mêmes matériaux que Rolex pour pratiquement tout le reste.
Par conséquent, les bracelets et les boîtiers de Tudor, entre autres éléments non mécaniques, étaient équivalents à ceux de Rolex, tandis que ses calibres de série n'atteignaient pas la finesse et la précision qui ont fait la réputation de sa couronne.
Mais ne vous y trompez pas, la réputation de Tudor en tant que fabricant de montres-outils robustes imposait le respect. Une Rolex a peut-être atteint le sommet de l'Everest, mais les modèles Tudor ont été utilisés par les marines française et américaine, et ont accompagné diverses expéditions scientifiques sur des territoires impitoyables dans le monde entier.
En ce qui concerne le design, un simple coup d’œil sur les modèles Tudor au cours des premières années d'existence de la marque montre qu’elle s'est rarement éloignée de l'esthétique Rolex. En effet, les montres de plongée Tudor des années 60 et 70 se distinguaient à peine de Rolex.
La société a même, euh, "emprunté" le nom d'un certain modèle de plongée emblématique...
Tudor a fait une Submariner !
Jetez un coup d'œil à la Tudor dans l'image ci-dessus. Ça vous dit quelque chose ? Il s'agit de la Tudor Prince Submariner 7928, fabriquée dans les années 1960. Les aiguilles Mercedes, le bracelet Oyster, le design du cadran et le boîtier indiquent tous qu'il s'agit d'une Rolex Submariner. Seul le texte sur le cadran indique qu'il s'agit d'une Tudor, bien que si vous dévissiez le boîtier, vous trouveriez un mouvement automatique de série.
Tudor, qui était encore un peu timide à l'époque et n'était pas la marque si puissamment sûre d'elle d'aujourd'hui, est restée proche de l'esthétique Rolex jusqu'en 1969, date à laquelle elle s'est enfin libérée de ses chaînes et a décidé d'apporter quelques modifications significatives à son design – des éléments qui allaient contribuer à la définir dans les années à venir.
Il s'agit notamment de cadrans de chronographe décalés aux combinaisons de couleurs audacieuses, d'index carrés et épais et, bien sûr, des aiguilles Tudor désormais emblématiques qui ont été baptisées "flocon de neige" – en raison de leur forme plutôt que d'un quelconque penchant politique de gauche.
Les années creuses de Tudor
Jusqu'à récemment, Tudor vivait véritablement dans l'ombre de Rolex. Dans les années 80 et 90, Rolex semblait ne pas savoir quoi faire de cette fichue petite sœur. Dans un secteur qui connaissait des changements colossaux, Tudor a été reléguée au second plan. Une chose que Rolex a faite cependant, c'est lui permettre de garder le nom Submariner.
Il y a en effet eu des modèles Tudor Submariner dans ses catalogues jusqu'en 1999, après quoi le mot a discrètement disparu du lexique Tudor et la marque semble avoir fermé les écoutilles afin d'élaborer un plan stratégique pour procéder à un redémarrage bien nécessaire.
Alors que Tudor était dans son marasme, la Submariner de Rolex était constamment mise à niveau, modifiée mécaniquement, améliorée esthétiquement - toutes les choses que Rolex fait pour s'assurer de rester au sommet de son art.
Ainsi, lorsque Tudor a lancé sa Black Bay – en substance, sa version de la Submariner – elle s'est retrouvée face à une montre qui avait été portée à la perfection.
Que la bataille commence
Alors que Tudor était en état d'hibernation, le coût d'une Rolex a explosé, le prix d'une Submariner ayant doublé au cours des deux dernières décennies. Heureusement, une partie du renouveau de Tudor a consisté à maintenir ses montres à un prix relativement abordable, malgré l'introduction de calibres maison.
Et c'est un avantage que la Black Bay conservera toujours sur la Submariner : une valeur exceptionnelle pour son prix. Non pas que la Submariner ne soit pas une grande montre, mais cette grandeur vaut-elle vraiment plusieurs milliers d'euros de plus que la Black Bay, ou s'agit-il de l'"effet Rolex", le nom de la marque faisant grimper son prix ?
Jugez par vous-même...
L'attrait vintage de Tudor
Avec ses 41 mm, la Black Bay est plus grande que les 40 mm de la Submariner, ce qui la rend également plus grande que les anciennes montres de plongée Tudor dont elle s'inspire. Mais ces dimensions modernes mises à part, il s'agit d'une pièce subtilement rétro, qui évoque une époque de baskets Adidas Gazelle, de voitures Jensen Interceptor et de footballeurs à rouflaquettes façon côtelettes. (Il y a toujours le modèle Black Bay 58 de 39 mm à envisager si vous appréciez plus compact).
Le lume blanc cassé des aiguilles et des index en forme de flocon de neige, les accents en or rose et l'absence de protège-couronne achèvent parfaitement l'esthétique vintage.
En revanche, la Submariner a un aspect légèrement austère, un peu carré. Une paire de chinos soigneusement repassés face au denim indigo de la Black Bay.
Détails esthétiques
Les deux montres ont des lunettes d'aspect presque identique, celle de la Black Bay arborant une touche de rouge triangulaire à 12 heures. Fabriquée en aluminium, celle de la Black Bay va avoir tendance à fatiguer et à se décolorer - ce qui est parfait si vous êtes le genre de personne qui pense que cela donne du caractère – tandis que celle de la Submariner devrait rester pratiquement intacte grâce à ses inserts en cérachrome, qui ne souffrent pas des rayons ultraviolets du soleil, et qui sont également dotés d'incrustations en platine.
En outre, les aiguilles de la Submariner sont façonnées en or blanc et le logo de la couronne de la Submariner est en relief, tandis que la rose de la couronne de la Black Bay, beaucoup plus grande, est gravée, un procédé beaucoup moins onéreux.
La Submariner l'emporte facilement en termes de qualité du bracelet grâce au système de fermoir Glidelock extrêmement confortable de Rolex, une évolution majeure depuis le rachat de la société qui fabriquait ses bracelets dans les années 90.
C'est ce qu'il y a à l'intérieur qui compte
En ce qui concerne les mouvements automatiques, ils sont tous deux certifiés COSC et fabriqués en interne, maintenant que les Black Bays de Tudor n'utilisent plus de mouvements ETA modifiés.
Mais, cachés tels qu'ils le sont par leur fond en acier, les mouvements Rolex n'en sont pas moins des merveilles de perfection mécanique : le 3130 de la Submariner est doté du ressort parachrome de Rolex, contrairement à la variété en silicone utilisée par Tudor.
Ajoutez à cela des finitions et des effets de perlage sublimes, et il devient clair que la Black Bay ne pourra jamais prendre le dessus avec son mouvement de cheval de trait d'apparence ordinaire, aussi fiable soit-il.
Par ailleurs, la Submariner est étanche à 300 mètres, contre 200 pour la Black Bay, mais ce ne sera certainement pas un facteur déterminant pour ceux qui préfèrent rester sur la terre ferme.
Le verdict
La Submariner surpasse sa compagne d'écurie Black Bay dans plusieurs domaines et est généralement un produit supérieur, mais obtenir un modèle flambant neuf revient à chercher des truffes sur une patinoire. Il est évidemment beaucoup plus facile de se procurer des Rolex d'occasion. Néanmoins, si vous arrivez à vous en procurer une, les chances que vous le regrettiez sont minces.
Quant à la Black Bay, elle ne doit pas être considérée comme une sorte de lot de consolation si vous ne pouvez pas vous offrir, ou obtenir, une Sub. C'est une excellente montre en soi, et même les Black Bay 58 plus petites ont maintenant des listes d'attente dans certains pays. Une chose est sûre, ces deux montres sont destinées à continuer de faire partie du paysage pendant longtemps.
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